Un an après ma démission...


image d'illustration libre de droits via pixabay


 Après mes études, j'ai trouvé très rapidement un travail.

Je m'y suis consacrée avec mon enthousiasme habituel, corps et âme.

J'étais tellement fière: j'étais la seule de ma famille à être allée à l'université, j'avais réussi mes études et trouvé un job en adéquation avec mes diplômes.

Le rêve?!

Je disais toujours OUI à mon patron et jamais NON.

Je voulais acquérir de l'expérience.

Les tâches et les responsabilités se sont peu à peu accumulées (mais le salaire n'a pas vraiment augmenté, héhé)

Je travaillais plus de 10h supplémentaires par semaine avec des horaires de folie.

Je faisais tout comme un robot.

Je ne savais même plus pourquoi je me levais le matin.

C'est boulot-dodo (il n'y a pas de métro en Guyane!).

Le weekend, j'étais épuisée.

Je dormais, j'étais léthargique.

La nuit, je me réveillais souvent en pensant à certains dossiers en cours, à des clients.

C'était donc ça travailler?

Ne plus être libre, ne plus avoir de place dans sa tête pour penser à autre chose?

Comme un vieux disque rayé, je répétais "je suis fatiguée".

J'étais tiraillée entre le besoin économique et mes envies d'autre chose.

Mon entourage me disait que je faisais un burn-out.

J'étais dans le déni.

"Non, je suis juste fatiguée, c'est tout".

Mais honnêtement, je ne me voyais pas continuer ce rythme pendant 20 ans.

"Faire carrière", comme le dit l'expression, ce n'était pas pour moi. Je n'allais quand même pas faire ça toute ma vie? La perspective de ne pas évoluer dans 10-20-30 ans me déprimait.

Et puis ma Maman est décédée, si brutalement...

Je me suis dit que la vie était quand même courte.

Je portais désormais en moi une urgence de vivre, de réaliser mes projets.

Ne devais-je pas vivre pour deux maintenant? Pour les belles années que maman ne vivrait pas et aussi pour moi?

Un déclic s'est produit en moi.

J'allais démissionner et j'allais commencer un nouveau projet professionnel.

J'en avais assez de travailler pour une entreprise qui ne reflétait pas mes valeurs morales.

J'avais besoin de débuter une nouvelle vie. Faire autre chose. Repartir à zéro.

J'ai donc préparé minutieusement mon projet et j'ai posté ma lettre de démission pour reconversion professionnelle.

Mon patron a reçu 3 lettres de démission cette semaine-là.

Avec moins de 10 ans d'ancienneté, j'étais tout de même la salariée la plus ancienne.

J'étais soulagée. Le problème ne venait pas que de moi, c'est bien qu'il y avait un problème dans l'entreprise.

Le souci c'est qu'on nous oblige toujours à nous remettre en question, mais parfois c'est dangereux car le problème ne vient pas forcément de soi.


Aujourd'hui, cela fait 1 an que j'ai démissionné et que je suis en reconversion professionnelle.

Je suis des formations passionnantes, je me sens "jeune" à étudier de nouveau.

J'ai 33 ans, bien sûr que je suis "jeune", enfin moins que certains et plus que d'autres.

Mais je me sens comme lorsque j'avais 20 ans et que j'avais le sentiment que je pouvais conquérir le monde.

Certains me disent "Ah, oui, c'est la mode "effet post covid" tu as démissionné". 

Personnellement, avoir perdu ma maman m'a beaucoup plus impacté que le Covid.

Certains me trouvent audacieuse (ou folle) d'avoir quitté un emploi avec un CDI.

La plupart est dubitatif. Si je trébuche, ils me diront "on te l'avait bien dit", si je réussis ils se vanteront d'avoir été de mon côté.

C'est incroyable à quel point de voir comme notre emploi nous définit aux yeux des gens, c'est presque la première question que les inconnus posent "que faites-vous dans la vie?"

Personnellement, j'étais arrivée au bout du bout et je suis contente d'avoir repris le contrôle de ma vie.

J'ai lu quelque part que "la vie est comme un parc d'attraction, ce serait dommage de rester sur un seul manège".

Voilà, j'ai envie d'essayer d'autres manèges.

De me nourrir intellectuellement, rencontrer de nouvelles personnes.

Et à tous ceux qui me disent "et après?" "et si cela ne marche pas? Tu vas faire quoi?" (on admirera l'esprit très français entrepreneurial!)

Je ne sais pas si je vais réussir.

Mais le plus important n'est-il pas d'essayer pour ne pas avoir de regrets?

En Guyane, j'ai eu la chance de rencontrer des gens qui avaient eu "plusieurs vies dans une vie". Je me souviens d'une femme qui avait été décoratrice d'intérieure, animatrice radio, agent immobilier et prof. Elle avait toujours suivi ses passions et avait changé de job quand le cœur n'y était plus. Elle était loin d'être millionnaire, elle faisait extrêmement attention à ses dépenses pour se permettre de prendre des risques et changer de job quand le besoin s'en faisait ressentir.

J'admire ces gens-là, qui n'ont pas peur.

Qui se protège et prenne les décisions qu'il faut pour leur bien-être intérieur.

***

Avez-vous déjà démissionné de votre job?

Souffert d'un burn-out?


Commentaires

  1. Et vous avez bien fait ! Typiquement français : moins on en fait, mieux on est apprécié !
    Je suis partie en retraite anticipée, 5 ans avant la date, pour dépression nerveuse grave...
    Tout le long de mon activité salariée je n'ai jamais obtenu 1 point d'augmentation, et pourtant on savait bien aussi me demander de faire au delà de ma charge de travail...
    Maintenant, je suis bien, enfin ! Je crois que si j'avais une dette karmique, je l'ai payée avec mes misères professionnelles :-)
    Faites ce que vous avez envie de faire, au moment où vous en avez envie. Je me souviens d'un couple de mon âge qui travaillait à 80%, temps partiel, préférant gagner moins mais vivre mieux. Ils avaient raison ! Mais pourquoi est-il si difficile de travailler dans ce pays ?
    Question à laquelle vous n'êtes pas obligée de répondre : quelles études avez-vous faites ?
    Bonne continuation ! Moody-Blue

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    1. Chère Moody-Blue, merci pour votre message. Tout ce que vous dites est tellement vrai....Je comprends ce que vous voulez dire par "dette karmique"! Parfois, tout s'acharne avec une telle intensité que cela semble être l'explication la plus logique! Effectivement travailler en France est compliqué....cela ne me déplairait pas de travailler ailleurs pour comparer et m'ouvrir l'esprit. J'ai étudié en langue, littérature et civilisation étrangère spécialisé dans le monde anglophone. Parfois je me dis que nos loisirs ne doivent pas forcément devenir notre métier. Mais on est si jeune quand on commence ses études que la réalité économique n'est qu'un concept flou. Belle journée à vous et merci pour vos messages toujours très inspirants!

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  2. Totalement d'accord avec le fait que les études ne devraient pas être "utilisées" comme destinées à être embauché à la sortie... mais plutôt comme un temps dans la vie où l'on s'efforce d'accumuler un maximum de "culture générale", quitte à éventuellement chercher un boulot dans telle ou telle des (nombreuses) branches qu'on a découvert lors de ses études (dans un monde idéal...). J'ai toujours travaillé à temps partiel, ne considérant pas que je devais obligatoirement "perdre ma vie" à la gagner. Il m'est arrivé, par contre, d'exercer simultanément trois mi-temps chez trois employeurs différents (sur de courtes périodes, bien sûr!).
    Mon premier licenciement économique (mon deuxième "employeur principal"!) m'avait permis de prendre conscience que, en tant que salarié, j'étais parfaitement "jetable".
    Par la suite, c'est moi qui ai quitté mon entreprise deux fois (la première fois, par "abandon de poste", la seconde, par un départ négocié): dans les deux cas, étaient prévus un déménagement et une "réorganisation" de l'environnement de travail... Je suis plutôt casanier et rétif au changement!

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    1. Merci pour votre témoignage. Oui, vous avez entièrement raison, il ne faut pas "perdre sa vie à vouloir la gagner". Je trouve ça génial de pouvoir travailler à temps partiel. Je pense que cela permet d'avoir plus de recul sur la vie en général et la place du travail dans la société. Je vous admire d'avoir suivi à chaque fois vos envies afin de ne pas subir une situation. C'est ça la vraie liberté. J'ai réussi à la trouver mais parfois des gens ne la trouvent jamais de toute leur carrière et c'est dommage.

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