Faire son deuil...Où j'en suis, 3 ans et demi après

 Aujourd'hui, je voulais parler avec vous d'un des sujets tabous dans notre société, le deuil.

Ce n'est franchement pas le sujet qui fait la une des magazines (les "régimes", "détox", "comment avoir la peau douce" occupent trop de place!)

Et pourtant, comme pour les sujets précédemment cités, nous sommes tous concernés.

Je comprends que cela ne soit pas très gai, et qu'après une journée de boulot à se taper un chef insupportable ou des clients mécontents, personne n'ait vraiment envie d'y penser....

Et c'est peut-être là le problème: on pense que cela ne peut pas nous arriver, que tous nos proches vivront jusqu'à plus de 90 ans, mais c'est un mensonge éhonté. Quand cela nous arrive, c'est un tsunami. Et non, cela n'arrive pas qu'aux autres.


image libre de droits via Pixabay



Voilà 3 ans et demi que j'ai perdu ma maman.

J'avais 29 ans et demi quand elle est partie.

Nous étions fusionnelles et pour moi c'est/cela a été une épreuve très "éprouvante".

J'avais déjà fait un article à ce sujet 1 an après sa disparition.

Je ne suis absolument pas psychologue, donc je me garderai de donner des conseils mais c'est juste mon retour d'expérience personnel.

1) On n'en guérit jamais

Certains ont beau penser qu'après un moment "tout redevient comme avant", "la vie reprend son cours" et bien c'est faux. Il faut apprendre à vivre avec l'absence. 

Se créer des nouveaux rituels, de nouvelles habitudes... Le temps de prendre ses marques sans guide, c'est long et douloureux.

J'ai dû pleurer tous les jours pendant un an, après son départ. C'est lourd. Maintenant, je ne pleure que pour certaines occasions. C'est un net progrès.


2) Prenez votre temps

Votre temps, ce n'est pas celui des autres. On m'avait dit "une fois que tu auras passé chaque saison, cela ira mieux", "il faut attendre 3 ans"....

Certains vident les maisons de leurs chers disparus, éliminent les moindres traces de leur existence 3 semaines ou 3 mois après, parce que bon quand même "il faut bien le faire".

Dans un bac, j'ai gardé les paires de chaussures de ma maman (elle en avait 5, heureusement qu'elle était minimaliste). Je ne compte pas m'en débarrasser. Ni les donner. Pour l'instant, je veux les garder. Peut-être qu'un jour je serai prête à le faire. Ou pas. Chacun doit faire les choses quand il se sent prêt, ne laissez personne vous bousculer.

Votre temps, ce n'est pas celui des autres. Faites les choses uniquement quand vous vous sentez prêt.


3) Embrassez la tristesse

Famille/amis/collègues peuvent être très présents les premiers mois suivants la disparition d'un être cher. Tout le monde est compréhensif. On vous offre des chocolats. Certains vous envoient un petit email. Vous passe un petit coup de fil. Cela m'a fait un bien fou de me sentir entourée. 

Mais après 10 mois, les gens ont leur souci aussi et leur vie, si bien que "bam", d'un coup, grand vide ce qui renforce encore plus le sentiment de solitude...les autres sont "passés à autre chose", mais moi pas.

C'est normal d'être triste et de pleurer les êtres qui nous sont chers. Comme tout dans la vie, il faut que cela soit équilibré. Laissez sortir vos émotions, soyez tristes, acceptez de passer un dimanche à pleurer en mangeant des pancakes (ou de la glace) mais ne vous morfondez pas non plus. Vous êtes toujours vivant. Accueillez la tristesse mais...aérez vous, sortez, commencez un nouveau hobby. Faites quelque chose que vous n'avez jamais fait avant.


4) Acceptez aussi d'être heureux

Les moments de bonheur ne viennent pas forcément tout de suite après un décès, mais on a tendance à culpabiliser d'être encore vivant, de pouvoir voir les oiseaux voler dans le ciel et de rire alors que nos chers disparus ne sont plus là pour apprécier ces petites choses de la vie.

Au fond de moi, j'avais la peur stupide (mais les peurs ne sont-elles pas toute irrationnelles?) que mes nouveaux souvenirs effaceraient ceux que je chérissais tant. Comme si ces précieux souvenirs disparaîtraient dans les brumes du temps....


5) Acceptez sa propre mortalité

Perdre ma maman qui avait toujours été un pilier pour moi, qui était là bien avant ma naissance a chamboulé tous mes repères. Avec elle, une partie de moi a disparu aussi. 

J'aimais qu'elle me raconte des anecdotes de ma jeunesse ou quand nous partagions des souvenirs. Plus personne ne se souvient de cela maintenant. Il n'y a plus que moi. Les partager avec soi-même, c'est assez limité....

Nos vies aussi importantes puissent-elles sembler ne sont que des nuages dans le ciel. Ephémères.

Je comprends et j'accepte aussi qu'un jour je mourrais et que je sombrerai dans l'oubli. La mort ne prévient pas. Je peux aller faire mes courses et ne jamais revenir. Ce n'est pas quelque chose que je crains ou que je redoute. La fragilité de la vie, la rend encore plus belle.

Cela m'a poussé à ne pas mettre mes rêves ou les choses que je voulais vraiment faire au lendemain.

Je porte désormais en moi une sorte d'"urgence de vivre" que je trouve assez positive.


***


Voilà, je ne sais pas si tout ce que j'ai écrit fait sens!

Pour moi, le plus important et de n'écoutez que votre petite voix car ce qu'on perd, personne d'autre ne le perd. Quand bien même, on pleure la même personne, on ne perd pas tous la même chose: certains perdent un ami, un frère, un cousin, un collègue....

Respectez-vous, respectez votre temps.

N'hésitez pas à partager vos ressentis.





Commentaires

  1. Un bel article ! Tout à fait, il ne faut pas faire semblant d'aller bien, pour ne p

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  2. Pardon, mes mains ont glissé sur le clavier et la réponse n'était pas terminée...
    A chaque personne son chagrin, comme vous le dites si bien ! Ma mère, je la "sens" à coté de moi, souvent, je vais lui parler, mais non, je ne peux pas...
    A mon âge (67) l'avenir est derrière moi, et je n'ai aucune motivation pour entreprendre quoi que que soit...
    Je ne sais plus qui a écrit : nul ne guérit de son enfance, mais c'est cela, c'est un manque permanent que rien ni personne ne remplace.
    Bien à vous. Gabrielle Dlr

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    1. Bonjour, c'est une très belle citation! Vivre est aussi un combat de tous les jours car survivre dans la société actuelle, dans le monde contemporain peut être difficile. Il faut de la volonté pour faire face aux problèmes de santé, aux problème des logement etc. Je comprends qu'au bout d'un moment la motivation, l'envie d'entreprendre nous quitte...car c'est parfois usant de toujours se battre. J'espère que vous réussissez tout de même à profiter des quelques petits plaisirs que la vie offre. Belle semaine,

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