"Jeunesse perdue" de Daphné du Maurier
Depuis que j'ai lu "Rebecca", j'étais littéralement hantée par l'écriture de Daphné du Maurier.
Je n'avais qu'une envie: lire un autre de ses romans.
J'ai jeté mon dévolu sur "Jeunesse perdue" ("I'll never be young again") publié en 1932 (1949 pour l'édition française).
Pourquoi celui-ci? Il y avait une promotion sur l'epub en anglais alors j'en ai profité!
Il s'agit du deuxième roman qu'a écrit l'auteur alors qu'elle n'était âgée que de 25 ans.
Quelle maturité pour écrire un roman initiatique sur la jeunesse et les regrets.
Résumé: le jeune Richard, complètement écrasé par la personnalité de son père, le plus grand poète britannique, est sur le point de se suicider en se jetant dans la Tamise quand il fait la connaissance de Jake qui l'en dissuade. Jake lui propose de se rendre dans les pays nordiques. Ils s'engageront comme marin, vivront au jour le jour, voyageront à cheval, visiteront les fjords jusqu'à ce que Jake meurt dans un naufrage. Ensuite, Richard s'installera à Paris où il tentera de devenir écrivain et rencontrera la belle Hesta.
J'ai un avis assez partagé sur ce livre.
J'ai aimé:
- le genre de roman: roman initiatique
- le style de l'auteur: ses réflexions (sur le temps, la jeunesse) sont si pertinentes, si vraies et elle n'avait que 25 ans quand elle a écrit cela! Le talent n'a pas d'âge! Daphné du Maurier a vraiment une magnifique plume.
- la première partie du roman: les pays nordiques m'attirant particulièrement, j'ai été très sensible à la description des paysages et à leur épopée dans le nord.
- le personnage de Jake: d'une manière générale, la psychologie des personnages est toujours très fine et détaillée dans les romans de Daphné du Maurier, mais j'ai beaucoup aimé sa profondeur, sa noirceur et son côté si flegmatique
J'ai moins aimé:
- La deuxième partie du roman où il n'y avait plus Jake et où l'action se déroulait à Paris.
- J'ai même trouvé certains passages assez ennuyeux et trop longs.
- Les dialogues avec Hesta sont trop répétitifs et pas vraiment passionnants.
- Mon enthousiasme est retombé comme un soufflé pendant cette deuxième partie.
- Ce qui est aussi assez compliqué c'est la nature antipathique du personnage de Richard: auto-centré, manipulateur, indécis, influençable, égoïste, il profite des autres et ne pense qu'à lui comme si les autres devaient être naturellement à son service.
- Dans la deuxième partie, on en vient à le détester et il finit par devenir tout ce qu'il avait critiqué.
Dans la vie, c'est cela aussi: quand on est jeune, on veut voyager, ne pas tomber dans la routine, on critique ses parents pour ne pas mener une vie très exaltante et on finit (pour la plus grande majorité) à faire exactement la même chose et à reproduire le modèle social.
Daphné du Maurier nous offre un portrait magistral et nous fait réfléchir sur la jeunesse, ses ambitions, ses rêves perdus, la relation homme-femme, le poids de l'éducation et de son héritage familial.
Même si ce roman m'a moins emporté que Rebecca. J'ai vraiment envie de découvrir le reste de la bibliographie de cet auteur.
Lire mon avis sur:
Autres classiques de la littérature britannique:
Littérature britannique contemporaine:
Avis de tempête, La fille de l'irlandais, Susan Fletcher
Assez de bleu dans le ciel, Maggie O'Farrell
J'ai lu beaucoup d'autres œuvres en littérature britannique mais je n'avais pas encore de blogs!
***
Avez-vous lu ce livre?
L'avez-vous aimé?
Avez-vous des romans d'initiation à me conseiller?
Les anglais ont l'art de la psychologie, c'est en cela que je les admire, et pour tant d'autres choses encore...
RépondreSupprimerLa phrase que vous avez recopiée est tellement juste, et tellement bien écrite ! Effectivement d'une grande maturité, mais aujourd'hui, l'âge de la maturité recule, dans notre société actuelle bien plus facile, on est adolescent jusqu'à presque 35 ans. Le décalage s’accentuer de générations en générations, en fonction de la société du moment. C'est vrai que les guerres, les périodes difficiles de pénurie générale font mûrir plus vite les individus qui doivent trouver par eux-même des solutions pour survivre...
La jeunesse, vaste sujet s'il en est ! Dans bonjour tristesse, l'héroïne de Sagan devient adulte lorsque son père lui-même le devient, et à la suite d'un drame.
Les dictons sont nombreux : si jeunesse savait, si vieillesse pouvait... Lorsqu'on est jeune on a les dents mais on n'a pas le pain, lorsqu'on est vieux on a le pain mais on n'a plus les dents (métaphore populaire)
En attendant de vous lire, prenez soin de vous, je crois que la date du retour approche ? moody-blue.
J'aimerais rajouter une phrase de Juliette Gréco qui résume ce que nous devenons, plus ou moins :
RépondreSupprimerNous sommes devenus ce que nous avons combattu (des bourgeois) : Jeunesse d'après guerre, avec Michel Picoli et d'autres, qui trouvaient dans le communisme un sens du partage universel, et qui voulaient faire exploser tous les repères de la société de leurs parents, qu'ils trouvaient trop corsetée. Tout cela parait bien désuet maintenant...
Mais ne devons nous pas, chaque génération, faire évoluer la société vers le bien, vers le mieux ? Et ensuite, passer le relais aux suivants... Pour ma part : sauf s'il faut s'inscrire dans un mouvement de masse ! M.B.
Merci pour vos remarques pertinentes et ces citations qui résument tout! On apprend beaucoup dans les livres et en étudiant l'histoire, et on observe que (c'est un peu comme la mode!) tout revient de générations en générations: les erreurs, les envies, même si on espère du fond du cœur que tout évolue pour le mieux...
SupprimerOui, le retour approche ! ;-)